C’est pas l’homme qui prend la mer…

C'est pas l'homme qui prend la mer.

Hier à 12h20 heure française Thomas Coville, navigateur qui tente de battre le record du Tour du Monde en Solitaire et Sans Escale, vient de passer le Cap Horn. Il en est à son 38eme jour de mer…

Je n’ose imaginer ce qu’il doit en coûter à un homme pour parvenir à réaliser un tel exploit: ce qu’il faut de motivation d’abord, de fortitude ensuite. En fait je pense aux efforts, aux privations, au doute et … à la solitude face aux obstacles imprévus et aux revers de fortune. Vous vous dites: il ne va pas oser faire un parallèle, ce serait mal venu.

Je vois néanmoins un certain nombre de similitudes avec les périodes et épreuves que traversent certains de mes protégés.

Le premier élément de comparaison est la solitude. Même si vous avez des sponsors et une base logistique, vous êtes seuls à la manœuvre et si vous n’êtes pas acteur, votre projet n’avancera pas. Il est certain que chacun peut s’accommoder la plupart du temps de cet isolement et y voir une vraie autonomie. En revanche il est également évident que certaines circonstances le rendent pesant.
Lorsque l’on se retrouve seul pour faire face à de mauvaises nouvelles ou tout simplement à l’absence d’informations, il est malheureusement très facile de sombrer dans une morosité corrosive.
Et comme pour les expériences de navigation en solitaire il y a peu à attendre de discussions avec d’autres qui n’auraient pas connu les mêmes épreuves. N’hésitez donc pas à faire partie de groupes et autres ateliers de réseau pour cadres en transition. Il n’y a d’ailleurs pas que les miens qui soient appréciables.

Le deuxième parallèle, un peu moins évident est l’adversité. Vous allez pendant un laps de temps, que nous espérons tous court, être le chef de projet de votre transition. Vous aurez décidé d’explorer un ou plusieurs secteurs, de proposer vos services sous un certain angle. Parce que vous en avez envie. Parce que les premiers retours que vous avez obtenus en sondant le marché vous ont laissé penser que c’était une bonne idée. Mais vous n’obtiendrez pas satisfaction immédiate. Et vous finirez par recevoir des messages de certains acteurs du marché qui seront contradictoires ou opposés. Lorsque l’on est convaincu d’avoir fait le bon choix mais que les circonstances paraissent opposées et que l’on finit par douter, on ne doit pas être loin je suppose du navigateur qui se heurte à une vraie tempête ou à un calme plat… Mais il faut continuer à se déplacer vers son but tout en tenant compte de la situation rencontrée, en réalisant des compromis mais en ne renonçant pas.

Enfin le dernier élément commun ne concerne pas les marins d’aujourd’hui mais ceux d’antan. Je pense que le sentiment qui touche les cadres en transition avec une certaine fréquence est voisin de celui que ressentaient les marins des siècles passés lorsqu’ils avaient voyagé longtemps et perdu leurs repères, ne retrouvant même plus les constellations habituelles. Un certain nombre des personnes en transition que je croise sont par moment réellement perdues. Il me revient alors de les aider à faire le point, de servir un peu de compas.

Le point positif et surprenant est que je connais plusieurs hommes et femmes qui rajoutent à ces 3 similitudes une quatrième, corollaire d’ailleurs du dernier point: comme Colomb ils ont découvert l’Amérique en cherchant la route des Indes. Je veux ainsi rendre hommage à tous ces Explorateurs et Grands Navigateurs que j’ai eu le plaisir d’accompagner l’an dernier. Je tire mon chapeau à ceux qui fabriquent des parfums alors qu’ils cherchaient à assembler des TGV, celles qui font de la logistique au lieu d’équipement médical, de l’avionique au lieu de télécom ou du pari en ligne au lieu de l’analyse financière de marchés. Car tous ceux-ci me disent aujourd’hui à quel point ils sont satisfaits de leurs nouveaux rôles et secteurs.

Maintenez le cap!

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire