Mobile or not mobile ?

Mobile or not mobile ?

M. C. n’est pas particulièrement mobile: son épouse, profession libérale, est maintenant établie dans la ville qu’ils habitent, mais ce ne fut pas simple.

Il y quelques semaines, lors d’un entretien de recrutement, son potentiel futur manager, lui demande: « Comment souhaitez vous faire pour votre installation ici en famille ? ». M. C répond avec franchise: « je ne compte pas m’installer, il n’y a que 150 km entre nos deux villes, je vais donc prendre un studio à proximité dans lequel j’habiterai en semaine et je rentrerai probablement le mardi soir pour voir mes enfants ». Après un peu plus de 10 jours d’attente, il reçoit un e-mail du cabinet de recrutement qui l’avait positionné sur cette opportunité: « votre décision de ne pas déménager a été rédhibitoire pour le DG, qui ne vous retient donc pas ».

Et vous, que répondez-vous lorsqu’un employeur vous demande de déménager pour prendre un nouveau poste, que cela soit en interne ou lors d’une transition vers une nouvelle entreprise ?

C’est le droit de l’employeur que de réclamer une disponibilité forte à ses cadres… voilà pourquoi dans de nombreuses entreprises où l’on pratique encore les 35h, elles sont annualisées. Mais c’est le droit de chaque employé de prendre les dispositions qu’il/elle souhaite pour se rendre disponible. Et dans l’absolu, où j’habite ne regarde que moi. La proximité entre l’habitation et le lieu de travail ne peut pas être un critère de sélection. En effet, comment traiter alors le déménagement d’un employé qui l’éloignerait de son bureau, de son usine ? Comme un raison suffisante pour rompre le contrat ?

Mais pourquoi alors, les décisionnaires d’un recrutement utilisent-ils cette donnée pour trancher entre les candidats ? Si vous avez piloté des équipes, vous avez une réponse: parce qu’il n’y a pas grand chose de plus pénible que de compter sur l’un de vos collaborateurs et qu’il ne soit pas présent… parce qu’il y a une grève, des bouchons, un accident, une crevaison… plus le trajet est long, plus les chances sont élevées que des anicroches surviennent… sans compter que nos emplois n’étant pas de tout repos les retours longs par la route sont potentiellement dangereux.
Est-ce pour autant une bonne raison de se priver d’un collaborateur de valeur ?

On le voit, il s’agit principalement d’une question d’ a priori.

Je ne juge pas ceux qui prennent de telles décisions. Je pense simplement que l’apport d’un collaborateur n’a pas grand chose à voir avec son lieu d’habitation et son temps de trajet.
Proverbe de nos campagnes: Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage.
Il marche dans les deux sens pour la question qui nous concerne: c’est une bonne excuse pour certains managers, cela permet de se sentir plus à l’aise lorsque l’on doit imposer une réunion d’équipe à 18h30, c’est également plus simple lorsque l’on a subi une attaque aigüe de flemmardise de se justifier auprès de son boss en prenant les bouchons pour excuse…
Enfin, tout étant une question de point de vue, le manager qui a fait le sacrifice de déménager sa famille pour être à proximité de son emploi verra d’un bon œil ceux qui se proposent de faire de même, celui ou celle qui fonctionne en ‘célibataire géographique de la semaine’ se sentira proche de ceux qui prennent sur eux de ne pas chambouler la vie des leurs.

… Il est gentil Tourtois… mais il devait être fatigué lorsqu’il a écrit ce post car il enfonce des portes ouvertes et il ne nous donne aucun conseil… j’m’en vais te lui déposer un petit commentaire pas piqué des hannetons sur son blog moi! …

Voilà, je m’exécute: il s’agit donc d’avancer avec prudence lorsque l’on répond à de telles questions. Parce qu’il n’y a pas de bonnes réponses absolues, je vous conseille de botter en touche, de biaiser, de procrastiner! La réponse que je suggère: « De façon générique nous sommes mobiles. Dans votre cas, nous avons commencé à en discuter avec mon conjoint et les options sont multiples, nous trancherons le moment venu » … vous donnez suffisamment de ‘contenu’ pour que vos interlocuteurs constatent qu’en effet vous en avez sans doute déjà parlé, en effet, mais vous ne donnez pas de réponses et ne vous engagez à rien. Conclusion: on peut bien moins utiliser cette réponse pour vous disqualifier, et la grande majorité des managers ne se permettra pas d’aller plus loin et de vous imposer une façon de faire.

Viendra ensuite le moment où -je vous le souhaite- il vous faudra, dans votre vie propre, trancher la question.
Et là, c’est une autre paire de manches.
Mais cela ne regardera que vous.
Gardez seulement à l’esprit qu’il ne faut pas y apporter de conclusion définitive tant que vous n’êtes pas confirmés à la fin de votre période d’essai.
Et n’oubliez pas non plus, de demander à votre employeur s’il peut vous aider d’un point de vue matériel (prise en charge ou indemnisation des frais de double résidence ou de ceux d’un déménagement).

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